Bonbonnes de protoxyde d’azote : les explosions empoisonnent le quotidien dans cette usine de traitement des ordures ménagères
Depuis le début d'année, le four de la Centrale Énergie Déchets de Limoges Métropole (CEDLM) à Beaubreuil enchaîne les explosions. En cause, des bonbonnes de protoxyde d'azote qui n'ont rien à faire là et qui explosent sous l'effet de la chaleur. Le phénomène impacte financièrement l'usine.
Dans le four de la Centrale Énergie Déchets de Limoges Métropole (CEDLM) à Beaubreuil, les explosions de bonbonnes de protoxyde d'azote se multiplient.
Ce gaz utilisé pour gonfler les ballons est de plus en plus détourné pour créer un état d'euphorie, comme une drogue. Le phénomène se fait ressentir au sein de l'entreprise. "Ça fait quelques mois maintenant qu'on recense les explosions, il y en a eu un peu plus d'une cinquantaine depuis le début d'année. Certaines qui n'ont eu aucun impact, mais d'autres qui ont eu de gros impacts", explique Johanna Kuller, responsable du suivi d'exploitation de la CEDLM.
Des cartouches presque indétectables
Et si les incidents se multiplient, c'est aussi parce que les cartouches de protoxyde d'azote, qui n'ont rien à faire dans les ordures ménagères, passent inaperçu. "Normalement quand je brasse, je regarde ce qu'il y a, car on voit un peu les ordures, mais on ne peut pas tout voir", souligne Ahmed, l'un des pontiers.
Une fois infiltrées à l'intérieur du four, les bouteilles montent en température et en pression avant d'exploser. Le phénomène endommage l'intérieur du four en briques réfractaires et crée des dégradations précoces qui entraînent parfois l'arrêt de la chaîne d'incinération. "Quand on a un four à l'arrêt, ça signifie qu'on a quatre tonnes par heure qui ne sont pas incinérées", ajoute Johanna Kuller.
Des pertes financières importantes
Depuis le début de l'année, quatre arrêts sont imputables à ces explosions. Des pertes financières importantes, car l'usine, gérée par Véolia, valorise sous forme de chauffage ou d'électricité environ 98 000 tonnes d'ordures ménagères produites en Haute‑Vienne : "C'est difficile de chiffrer les coûts directs et indirects. On est à plusieurs centaines de milliers d'euros depuis le début de l'année sur les arrêts liés aux explosions", précise Loïc Solon, directeur d'exploitation de la CEDLM.
Ces incidents ne sont pas près de s'arrêter. Pour les particuliers, la filière de recyclage de ces cartouches de protoxyde d'azote est inexistante sur le territoire. Il faut se rendre en déchetterie professionnelle payant ou les ramener au point de vente. Une solution qui pose problème car une grande partie de ces bouteilles sont achetées sur internet.